Hubert Duprilot

SITE OFFICIEL DE L'ARTISTE HUBERT DUPRILOT

Textes

Hubert Duprilot, artiste autodidacte, né a Tours (France) le 22 décembre 1975. vit et travaille à Rouen (france).

Hubert Duprilot occupe une place singulière dans la peinture, entre art brut et expressionnisme. Une recherche sans limites pour offrir une œuvre à part, qui laisse immanquablement une trace forte dans l’esprit du spectateur. Sa représentation de l’humanité très remarquée fait montre d’une grande sensibilité, d’un besoin viscéral de peindre. Les couleurs, les sujets graves, mythologiques ou plus « légers » traduisent les rapports de l’homme avec sa condition. Sa démarche l’inscrit dans un sillon prestigieux qu’empruntèrent jadis Zoran Music ou Giacometti. H.Duprilot est né en 1975 et vit à Rouen. (Jean-Henri Maisonneuve)

Touche à tout de talent qui semble chercher encore son « style », Hubert Duprilot passe du dessin à la peinture, met de la colle, prend un morceau de carton, un peu d’encre... Et les idées sont là, qui pressent les gestes, les images arrivent qui en appellent d’autres. Est-ce que ça existe d’avoir trop de talent ? Si oui, peut-être que c’est ce qui arrive à Hubert Duprilot. Après pas mal d’années de travail régulier, l’artiste rebondit sans cesse vers d’autres choses, se renouvelant toujours. Il excelle dans sa capacité à mettre en scène couleurs et matières, proposant un éventail de techniques qu’il met cependant au service d’une quête de sens. Ses pseudos planches anatomiques où les croquis se partagent le territoire avec l’écriture, les taches et les coulures savamment orchestrées, sont pour l’oeil et l’intellect, un régal d’invention et nous démontrent que l’art n’a pas fini d’être innovant. Du moins tant qu’il y aura Hubert Duprilot ! (Fred Noiret)

Animé par une nécessité absolue de peindre, perméable à son environnement, Hubert Duprilot donne vie à des portraits dérangeants, qui témoignent d’une observation pénétrante. De même qu’il met en scène le couple dans la fusion et la dissociation, la rencontre et la solitude, la joie et la tristesse, force et fragilité sont intimement mêlées dans ses oeuvres. En 2004, il réalise au crayon d’écrasantes fresques architecturées, orchestrées où l’on glisse d’un plan à un autre avec le sentiment que l’on va se perdre dans un monde compartimenté, pollué. L’être humain y est isolé, tortionnaire ou torturé. C’est une profusion d’images et d’informations jusqu’à saturer, jusqu’à vouloir sortir de ce chaos organisé. Ses dernières œuvres d’une facture plus épurée, représentent l’humain morcelé, désarticulé. Ici, il ne s’agit plus d’embrasser un ensemble ni d’empoigner le monde. Le peintre focalise l’attention sur des éléments épars qui entrent en résonance par le jeu de la composition, de l’équilibre et de la couleur. Quelle que soit la technique qu’il utilise, l’expression d’Hubert Duprilot nous marque puissamment et subtilement de son empreinte. JLG – mars 2005

Ça recommence ! Hubert Duprillot s’est engagé dans la peinture comme on s’engage dans un combat de libération et que l’on sait que cela va durer toute la vie : libération des carcans sociaux culturels et psychiques qui nous tiennent et nous entravent, libération du cadre implicite définissant l’art d’une époque, libération de la loi du primat de la pensée sur le choc émotionnel que peut provoquer l’image. L’autre face de ce choix, c’est de plonger sans fin dans les abîmes de son propre cœur à la découverte de ce qui grouille au fond de soi, de peindre des sujets violents, âpres, des gens dont l’image même dit la vie impossible qui fut la leur et que pourtant ils durent vivre, des moyens picturaux privilégiant le choc et visant à réveiller en chacun des zones traumatiques. L’ignorons nous, nous qui sommes englués dans un bien être en pâte à sucre collant aux doigts au point qu’on ne peut rien toucher qui ne soit couvert du même sucre ? Les traumatismes de guerre mettent trois générations à se résorber. Et souvent, c’est un peu avant ou juste après le franchissement de cette ligne de partage des eaux de la mémoire que cela recommence. Quoi ? La guerre ou quelque chose qui y ressemble. Et durant tout ce temps, elle n’était pas absente, la guerre, puisqu’elle continuait à couver ses tranchées dans le labyrinthe imparfait de cette mémoire qui tend ses filets au-delà des souvenirs personnels, de cette mémoire des autres capable de migrer en nous, et que nous découvrons lorsque des voix insituables et obsédantes soudain semblent s’adresser à nous. C’est là que se joue pour Hubert Duprillot l’acte de peindre, au plus près de ce que dit Bram van Velde : « C'est par la misère que j'ai approché la vie. La toile est liée à un drame fondamental. La peinture, c'est un œil, un œil aveuglé, qui continue de voir, qui voit ce qui l'aveugle. N'être rien. Simplement rien. C'est une expérience qui fait peur. Il faut tout lâcher. Pour être vrai, il faut plonger, toucher le fond. La toile ne vient pas de la tête, mais de la vie. Je ne fais que chercher la vie. Tout ça échappe à la pensée, à la volonté. » Et eux, là, ces vétérans de la guerre de l’homme contre lui-même, contre le temps, contre la mort, contre ce qui le hante plus que tout, la vie grouillante des vers qui enfle le corps de son vivant déjà, ces vétérans lancent leur cri muet qu’aucun miroir ne capte. Ici, ils crient soumis qu’ils sont à la dégradation puissante que seule la peinture lorsqu’elle travaille dans les parages de son essence même est capable de réaliser, la dégradation qui révèle le mort dans le vif et l’ultra vif dans le plus que mort. Ces vétérans bardés de médailles, héros miraculés de la guerre du temps, ne sont pas seulement nos ancêtres. Ils sont nous autant que nous sommes eux. Ce qu’ils nous montrent, ici, c’est donc notre visage, notre face, la vraie face, cette vraie icône écho de la première image absolue et brûlante de l’irreprésentable qui, divin ou supra humain, chtonien ou spirituel, persiste en nous comme le souvenir des vies qui déjà nous ont vu naître. JLP 13 11 15

Allez raconter à un oiseau qu’il vient de passer une frontière….. L’oiseau est le parangon du migrant. Ne dit-on pas de certains qu’ils sont migrateurs et que leur départ nous fait le bonheur de les voir de retour ne serait-ce pour leur tirer dessus ou les prendre au filet ? Les oiseaux de DUPRILOT ont des têtes d’humain bifrons, sortes de Janus ils guettent ou découvrent, chantent et s’étonnent, perchés qu’ils sont sur une branche qui n’a plus ni racine ni tronc. Cette branche est leur maison, elle dit leurs histoires dans un monde sans vie qui n’a d’horizon qu’une petite porte qu’Alice, elle-même ne pourrait franchir et qu’ils ne semblent pas voir. Ces oiseaux sont des migrants d’âme ou de corps, sans voix, sans écoute et la branche ne les porte pas, c’est eux qui la portent, témoignage incompris d’un passé lourd comme une menace de refus, d’enfermement, de mort. Pourtant cette branche est leur fierté. Elle était dans l’arbre qui portait leur famille, leurs amis. Elle avait l’odeur des saisons, les couleurs du ciel. Elle portait nids et chants, amours et labeurs, protégeait et nourrissait. Le rêve était de la quitter pour en habiter d’autres, là tout près, d’où on entend les chants des amis, des amours, des parents, des enfants et puis en parler avec ardeur, avec tendresse, avec nostalgie, fierté et bonheur comme on le fait lors de dîner quand on parle de ses origines à d’autres qui en font de même, même si ces origines ne sont qu’un écho lointain de l’histoire familiale. Les oiseaux de DUPRILOT ont peut-être peur, ils sont surtout étonnés et quettent un regard qui les rendra vrais et rendra possible le vol et l’accueil chaleureux d’une nouvelle branche sur laquelle greffer celle emportée dans l’exile. Qui es-tu, toi ? Je suis du bois de cette branche, il ne m’en reste qu’un tout petit bout, juste de quoi participer à la construction de notre nid, près du tien, avec toi. Pierre Gentes